6,4M€ investis par l’État sur la lutte contre les sargasses, une action résolue des différents acteurs, des défis et des perspectives pour l’avenir.
En ce mois d’octobre, les échouages de sargasses se font plus rares et moins volumineux. Cette période offre l’occasion de tirer un bilan de l’année 2024 et de tracer des perspectives pour l’avenir.
Après de premiers échouages relativement modestes en février mars, les arrivées ont été en définitive plus tardives mais aussi plus massives que l’an passé, concentrées de fin avril à août ( avec notamment 20 bulletins de vigilance orange et 2 rouges en 2024 contre 9 orange en 2023).
La côte atlantique a été particulièrement touchée, mais sans épargner certains secteurs de la côte caraïbe, y compris des sites jusqu’alors épargnés mais où la sargasse ne s’y accumule pas durablement.
S’agissant du bilan sanitaire, au 1er août 2024 on observe un nombre de dépassement du seuil de 1ppm horaire en sulfure d’hydrogène supérieur à celui de l’ensemble de l’année 2023 (141 contre 119).
Le nombre de sites enregistrant au moins un dépassement du seuil de 1ppm/jour de sulfure d’hydrogène est également en augmentation (8 en 2024 contre 6 en 2023).
En revanche, concernant l’ammoniaque, aucun dépassement n’est enregistré en 2023 et 2024 et les concentrations maximales journalières sont plus faibles en 2024 qu’en 2023 (0,3 ppm contre 2,6 ppm).
Face à cette situation, l’ensemble des acteurs concernés, au premier rang desquels les communes, se sont mobilisés. Après plusieurs années d’investissement et la professionnalisation progressive de la filière, la Martinique est en effet dotée d’un arsenal d’outils qui en font une des îles des caraïbes les mieux armées contre ce fléau des sargasses.
L’État de son côté a dépensé sur cette seule année 2024 plus de 6,4 millions d’euros au profit de la lutte contre les sargasses.
S’agissant de la collecte sur terre, 125 personnes ont ainsi œuvré au sein des ateliers chantiers d’insertion, pour un financement au titre de l’insertion par l’activité économique de 2,5M€. A titre d’exemple, sur le sud, l’association Hommes et territoire a manipulé près de 13.000 m³ de sargasses. 40 contrats aidés (PEC) sont également dédiés à cette action au sein des communes, pour un montant de subvention de près de 310.000€. Par ailleurs, la collecte peut être désormais réalisée là où cela est possible par une intervention mécanisée. Les communes et intercommunalités disposent ainsi aujourd’hui de près de 100 engins et équipements d’intervention financés intégralement par l’État ces dernières années et quasiment tous livrés et opérationnels (camions, tractopelles, grues, quads, bennes…).
S’agissant de la collecte sur mer, les interventions en mer pour enlever puis ré-immerger en haute mer la sargasse ont coûté près d’1M€ cette année. En outre, 245.000€ ont été consacrés à l’achat d’une nouvelle barge de transfert, et de kits de collecte pour les marins pêcheurs.
Ceux-ci viennent désormais renforcer le dispositif en mer, apportant leur connaissance fine du milieu, et démultiplient nos capacités d’action. Les 3 sargators et engins de transfert, ont permis d’alléger la pression sur les barrages et intervenir sur des sites habités difficiles d’accès depuis la mer.
S’agissant du suivi sanitaire de la situation, plus de 300.000€ ont été dépensés, tant pour assurer un suivi dans la durée des émanations de gaz toxiques, que pour financer un suivi resserré des personnes affectées par ces émanations.
Les associations de riverains ont été rencontrées par l’ARS en mars 2024 et une nouvelle rencontre est prévue fin octobre afin d’échanger sur les projets de recherche en cours et sur les moyens de mieux communiquer en leur direction. Le Centre Régional des Pathologies Professionnelles et Environnementales du CHUM a reçu en consultation 133 personnes au 15 septembre 2024 dont une majorité directement au domicile des personnes.
Ces crédits ont enfin permis d’alimenter le premier budget du GIP (1,2M€), qui monte désormais en puissance pour poursuivre et accroître l’action de lutte contre les sargasses.
Pour l’avenir, c’est donc sous l’égide du GIP que l’État apportera un soutien constant à la stratégie d’action collective sur l’ensemble des fronts.
La collecte sur terre a vocation à être pérennisée, autour du rôle central des communes, et en assurant le meilleur accompagnement des travailleurs des sargasses et en confortant le modèle économique des associations en responsabilité.
La collecte en mer, quant à elle, a démontré son efficacité, il convient désormais de renouveler les barrages en mer qui ont été fragilisés, d’assurer leur entretien sur la durée, et de déployer de nouveaux barrages.
Un nouveau Sargator, plus puissant et enrichi du retour d’expérience des deux dernières saisons entrera en service début 2025.
Enfin, la priorité est également d’améliorer les conditions de stockage des sargasses et de soutenir les projets de valorisation les plus porteurs d’espoir.
L’État en instruit plusieurs actuellement, avec des perspectives de soutien financier par l’ADEME ou par Atout France, afin de garantir leur mise en œuvre dans les meilleurs délais.
Au sein du GIP désormais, l’État œuvre donc résolument afin de mieux protéger encore les riverains qui souffrent des échouages des sargasses en apportant une réponse efficace et durable